Par Jean-Yves Poitras, MBA
Commissaire industriel
Le mot innovation est devenu populaire depuis quelques années. Plusieurs perçoivent le terme comme une tendance du moment rendue populaire par une volonté des gouvernements de créer des emplois de meilleure qualité. Détrompez-vous, l’innovation est une culture entrepreneuriale qui est bien là pour durer.
Historiquement, les entreprises adoptaient des méthodes techniques, technologiques et processus qui perduraient dans le temps. L’expression « Ça fait des années qu’on fait ça comme ça et ça marche. On va continuer comme ça! » était populaire et pérenne. Le personnel grandissait par promotion au sein de l’entreprise en démontrant sa capacité de maîtriser ce qui était en place. Les entreprises s’étalonnaient davantage par rapport à elles-mêmes et considéraient avoir réussi si leur courbe d’apprentissage et leur profitabilité demeuraient vers le haut. La notion de pérennité n’était amenée que si le bilan devenait négatif. Les mouvements de personnel étaient faibles, le rêve de travailler au même endroit toute sa vie était la norme.
Les entreprises font maintenant face à une globalisation des marchés. L’accès à la production et à la sous-traitance est planétaire.
Ce phénomène amène la clientèle à questionner ses sources d’approvisionnement, tant pour les coûts, la pluralité, que pour la capacité à livrer. Les marchés s’étalonnent entre eux sur un plus grand territoire. La main-d’œuvre est mobile et possède une adhésion fragile, les courbes d’apprentissage sont différentes et doivent diminuer le temps nécessaire pour atteindre l’apogée. Le défi des entreprises en est un de survie dans un marché changeant.
La pérennité des entreprises réside maintenant dans la capacité de celles-ci à demeurer compétitives et optimales.
La nouvelle main-d’œuvre est formée et spécialisée. Cependant ses connaissances sont pointues et d’un spectre limité. Le nouveau gradué priorise la qualité de vie au-delà du rendement ce qui constitue un retour du balancier.
« La clé du succès ne réside plus dans l’humain qui pousse la machine, mais plutôt dans l’humain qui gère la machine pour qu’elle se pousse elle-même ». On passe de la force des bras à la capacité d’automatisation, d’autonomisation des opérations.
La donnée permet à l’entreprise d’aujourd’hui d’opérer une dissection méticuleuse de ses opérations et connaitre ses points critiques en temps réel. Le temps de réaction devient la clé du succès dans un modèle opérationnel ou la marge de profit réduit le droit à l’erreur. La constance d’une production automatisée uniformise la cadence, la qualité du produit et sa livraison.
Le coût du changement devient plus abordable, les technologies se consolident, l’interconnectivité des systèmes se simplifie. Toute entreprise qui possède une vision d’avenir et de pérennité se doit d’insérer l’innovation dans ses coûts opérationnels. La productivité et la qualité des opérations sont les facteurs qui aideront à assumer ces coûts.
Pourquoi nos entreprises doivent-elles innover?
Pour demeurer ce qu’elles se doivent d’être : profitables, attractives, pérennes et compétitives.